Dr Nadia Kadi
 

Thérapies

 

 

Qu’est ce que l’EMDR ?


Le terme EMDR reprend les initiales des mots anglais suivants : ”Eye Movement Desensibilization and Reprocessing”, et se traduit en Français par “désensibilisation et reprogrammation par le mouvement des yeux”.
 
Cette technique qui a rapidement révolutionné la pratique et la conception de la psychothérapie, a été fortuitement découverte par la psychologue Américaine Francine Shapiro. En 1987 cette dernière découvre lors d’une promenade dans un parc que ses pensées négatives, désagréables, disparaissent lorsqu’elle effectue des mouvements oculaires rapides de gauche à droite.
L’efficacité de la technique qu’elle a expérimenté auprès de volontaires, puis de vétérans de la guerre du Vietnam l’a conduite à poursuivre ses recherches et à réaliser une thèse de doctorat en psychologie comportementale.

Aujourd’hui l’EMDR ne se limite plus à la stimulation sensorielle bilatérale alternée par le biais des mouvements oculaires. On utilise également des sons diffusés en alternance gauche-droite via un écouteur ou encore des tapotements ( stimulations tactiles sur les genoux ou les mains des patients).  

 


A qui s’adresse L’EMDR ?

L’EMDR a largement prouvé son efficacité dans le traitement du syndrome de stress post traumatique consécutif à une agression sexuelle, un accident de circulation, un attentat terroriste, une catastrophe naturelle...

Le succès de l’EMDR par rapport à d’autres techniques thérapeutiques réside dans la rapidité et l’efficacité du traitement.

J’utilise l’EMDR depuis quelques années à la grande satisfaction de mes patients. Cependant si j’obtiens des résultats très satisfaisants, il faut néanmoins rester très vigilant quant à l’application du protocole qui doit être mené consciencieusement, et veiller au respect des indications en évaluant pour chaque patient les risques et les bénéfices d’un traitement EMDR.

Son indication, qui s’est élargie à d’autres troubles psychologiques que le traumatisme, a induit une sorte de mystification de la technique tant par les professionnels de la santé que par les patients eux mêmes. Nombreux sont les patients qui s’attendent à des miracles dès la première séance. D'autres, déçus par les thérapies classiques souvent longues et coûteuses, se tournent vers l’EMDR en espérant se débarrasser rapidement de leurs symptôme en faisant l’économie de s’attaquer au fond du problème.

Ma pratique de l’EMDR et l’observation des effets de la technique sur les patients à court, moyen et long terme montre néanmoins  qu'un résultat rapide est tout à fait envisageable dans les cas suivants :

  • Les traumatismes simples ( par exemple un accident de circulation sans gravité, sans blessé ni mort)
  • Les phobies simples ( par exemple : la phobie de l’avion)

Cependant, il arrive que le traitement révèle des traumas anciens refoulés qu’il faudra alors traiter. Le temps de prise en charge sera alors un peu plus long.

Par ailleurs, le facteur vulnérabilité joue un rôle important dans l’inscription d'un traumatisme. Par exemple si au moment d’un car-jacking, la victime était dans une phase de dépression ou si elle avait des difficultés à son travail, cette dernière va mettre plus de temps à récupérer de son agression.

L’EMDR a prouvé son efficacité face à d’autres techniques. Néanmoins force est de constater que la guérison n’est pas aussi spectaculaire ou aussi rapide dans tous les cas. Parfois la prise en charge est beaucoup plus longue et nécessite l’intégration d’autres techniques thérapeutiques (thérapie comportementale et cognitive, hypnose etc...). C'est particulièrement le cas dans les  TAG ( troubles anxieux généralisés) et les traumas complexes ( maltraitances ou négligences dans l’enfance, violences physiques ou sexuelles subies sur une longue période,...).

Les autre indications de l’EMDR en dehors du traumatisme sont :

  • les évenements pénibles (deuils, difficultés relationnelles ou professionnelles séparations, ruptures sentimentale,...)
  • les troubles anxieux (attaques de panique, phobies, TOC...)
  • les troubles de conduites alimentaires ( anorexie et boulimie)
  • les addictions ( toxicomanie, alcoolisme)
  • les dépressions
  • les troubles psychosomatiques,...

Les contre-indications de l’EMDR:

  • les psychoses
  • les états suicidaires et les états mélancoliques
  • certaines personnalités "borderlines"
  • les troubles cardiaques
  • la grossesse

 


Si vous désirez en savoir plus sur les processus en jeu :

Quand un événement douloureux se produit, il laisse une marque dans le cerveau. Celui-ci va effectuer un travail de "digestion" permettant aux émotions qui accompagnent le souvenir de se désactiver. Mais dans certaines situations ce travail est rendu impossible pour diverses raisons: la violence de l’évènement, l’existence d’un cumul traumatique, la vulnérabilité du sujet, etc.

Quand un événement douloureux a été mal digéré, les images, les sons, les sensations et les émotions liés à cet événement sont dissociés et refoulés dans le cerveau émotionnel, mais sont prêts à se réactiver au moindre rappel traumatique (réactivation du traumatisme).

La thérapie verbale semble souvent insuffisante dans la prise en charge d’un traumatisme. Beaucoup de victimes, surtout dans les traumatismes complexes, évitent de parler de l’évènement traumatique par peur d’être retraumatisés.

Le travail en EMDR propose un protocole et un cadre sécurisant pour accompagner la personne dans le rappel de son noyau traumatique. Ce rappel va solliciter plusieurs registres: verbal, perceptif, cognitif, émotionnel, corporel. Il semble que l’EMDR permette, grâce à la stimulation bilatérale de gauche à droite des 2 hémisphères du cerveau, le déblocage du système nerveux et la réorganisation de la mémoire dysfonctionnelle. La technique faciliterait le travail de reconnexion de modules de traitement de l’information (émotionnels, mnésiques, comportementaux) dissociés par le trauma. Le cerveau pourrait alors digérer, retraiter l’expérience traumatique.

 

Le psychodrame

Depuis son invention par Jacob Levy Moreno, le psychodrame est une méthode thérapeutique spécifique. La plupart du temps, le psychodrame se pratique en groupe, animé par un ou plusieurs thérapeutes. Faire l’expérience du travail en groupe et de la solidarité entre les membres prend un sens tout particulier à une époque où les relations sociales se retrouvent parfois extrêmement appauvries et où trop souvent l’individu est renvoyé à lui-même. Moreno nous dit: "l'être humain est un être social, un sujet à rôles; rôles qui vont se manifester de façons multiples selon le moment et les personnes avec qui il est en relation". Tout ceci fait de cet espace de jeu, de partage, et de mise en situation, un espace de réflexion, d'échange, d'élaboration en commun (parmi et avec les participants) pour imaginer de nouvelles options, de nouveaux chemins à construire.

 

Approche psychodynamique

Cette approche se concentre principalement sur la manière dont la personne construit sa réalité et sur les expériences qui l'ont poussée à voir le monde de cette façon. Comprendre comment l’histoire a été intégrée de manière consciente et inconsciente. Ce sont les évènements qui laissent des traces dans la manière de réagir aux situations et de prendre des décisions. L'objectif de cette approche est de rendre conscientes les difficultés du patient qui sont, jusqu'à présent, inconscientes à l'aide de la parole. Plus concrètement, cette approche tente de nous aider à mieux comprendre ce qui nous tracasse pour qu'ensuite nous puissions fonctionner plus sainement et ainsi nous délivrer de notre souffrance. En exprimant nos pensées, nos émotions et notre vécu régulièrement à notre thérapeute, dans un cadre sécurisant et sans jugement, celui-ci nous aide à dévoiler des choses qui nous étaient inconscientes et qui seraient la cause de notre angoisse.

 

Approche systémique 

L'approche systémique est née aux Etats-Unis (Palo Alto) vers 1950. Les thérapies systémiques visent à comprendre la souffrance en la plaçant dans le système auquel appartient le patient et dans lequel il évolue : couple, famille, entreprise.. « L’important, disait G. Bateson, n’est pas qui fait quoi à qui , mais que font-ils ensemble ? ». La personne est influencée à la fois par ses intentions, celle des autres, et celle des possibilités du milieu et/ou du système. En évoluant dans ces différents contextes, des difficultés peuvent apparaître au niveau relationnel, ce qui peut créer tensions, angoisses, dépressions, ruptures, mal-être. L’histoire de la famille agit sur l’individu. Cet individu transporte avec lui des valeurs, des émotions et des comportements véhiculés par la famille et ce sur plusieurs générations. En consultation, le thérapeute amène au travers d'un contrat thérapeutique les membres de la famille ou du couple à "se situer" et à regarder de plus près leur place, leur fonction, la qualité des liens avec leurs proches, ce qui pose problème et ce qui fait blocage dans le présent. La thérapie systémique est pragmatique. Le travail thérapeutique peut être le moyen de renforcer la fonction parentale parfois mise à mal dans les étapes de transition (adoption, divorce, événement de vie grave, ...).